Dimitri Keith ¤Admin/Rock¤
Nombre de messages : 483 Age : 33 Année : 1ère année Amour : Coeur de pierre à ce qu'on raconte... Amitier : Les amis ? C'est quoi ce truc ? ^^ Date d'inscription : 21/01/2007
Feuille de personnage Age: 19 ans Humeur: A croire que je ne sourit jamais ^^ Citation: Pendant les premiers instants j'ai cru qu'il fallais juste se défendre, mais cette place est sans issue, je commence à comprendre...
| Sujet: Re: S'inscrira, s'inscrira pas ... - Noah G. Carter Ven 2 Avr - 12:53 | |
| MA BELLE HISTOIRE, OU JUSTE MON CAUCHEMAR; _« CHAPITRE PREMIER »_ « Even if I say it'll be alright, Still I hear you say you want to end your life » « ▬ Cette fois-ci c'est la dernière fois » lâcha-t-elle entre deux sanglots étouffés, tandis que je m'appliquais une nouvelle fois, du haut de mes treize ans, à désinfecter sur son épaule gauche une plaie que j'avais tant bien que mal empêcher de continuer à saigner. Elle, c'était ma mère, et je ne comptais déjà plus à l'époque le nombre de fois où elle était rentrée ainsi, en larmes et blessée. Et je savais aussi que ses promesses ne valaient rien, qu'elle était incapable de les tenir, et que je ne pouvais pas lui faire confiance. « ▬ Arrête maman, tu sais bien que non »D'aussi loin que je puisse m'en souvenir, j'avais toujours été habité de sentiments extrêmement partagés en ce qui concernait ma mère. Bien sûr je tenais à elle, comment faire autrement lorsque l'on était un enfant et que l'on avait personne d'autre sur qui s'appuyer ? Enfin, s'appuyer c'était une façon de parler cela dit, parce qu'on ne pouvait pas dire non plus qu'elle m'était toujours d'un grand soutien. Parce que ma mère vendait son corps depuis déjà bien longtemps avant ma naissance, elle n'avait pas jugé utile d'envisager une autre carrière après ma venue au monde ... Comment l'aurait-elle pu alors qu'elle vivait dans une caravane, au beau milieu d'un terrain vague de la banlieue de la si célèbre Las Vegas. Bien sûr au début elle avait tenté de s'en tenir à des boulots réglo, mais sans diplôme et bien souvent payée à coup de lance-pierre elle avait vite compris qu'elle gagnerait un peu plus en se prostituant. Ma mère était une putain donc, pas la peine de mâcher ses mots, mais cela dit cela restait tout de même ma mère. Et puis d'accord elle était dépressive, alcoolique, et faisait un métier dont il n'y avait pas de quoi se vanter, mais elle m'aimait, ça je le savais bien. Elle m'aimait même pour deux puisque je n'avais pour ainsi dire pas de père, celui-ci n'étant qu'un client de ma mère parmi tant d'autres, un bonhomme dont elle ne connaissait pas le nom et dont je ne m'étais de toute façon jamais soucié. J'avais déjà bien assez d'une mère faisant le plus vieux métier du monde sans en plus devoir me soucier d'un père qui avait besoin d'allonger le porte-monnaie pour avoir ce que sa propre femme n'était pas foutue de lui donner. Cela dit même si je tenais à elle, je lui en voulait aussi, sans doute un peu plus chaque jour qui passait. Comme tous les gosses j'avais besoin de repères, d'un minimum de stabilité, et de quelqu'un sur qui prendre exemple ... Des choses qu'elle n'avait jamais été capable de me donner, bien trop prise entre clients et bouteilles de Vodka bon marché (payées avec l'argent qu'elle ne dépenserait pas pour mes affaires de cours, lorsque je fus en âge d'aller à l'école). Aujourd'hui encore je sais que même si je suis seul responsable de mes actes, l'influence de ma mère n'est pas non plus innocente dans ce que je suis devenu. Elle m'a appris qu'on ne pouvait faire confiance à personne, elle m'a enseigné malgré elle la théorie selon laquelle l'homme est par nature un véritable fléau, ou plutôt un véritable connard pour faire plus court. Hommes, femmes, ils se valaient dans leur mensonge, leur médiocrité et leur fourberie. Gandhi, Martin Luther King ... Ils faisaient partie de ces hommes qui avaient foi en l'homme et en sa capacité à devenir meilleur ; On voit où ça les a mené. Et puis ni l'un ni l'autre n'avaient à supporter une mère dont le mot pathétique n'était même plus un descriptif assez fort, sûr que leur mère à eux n'était pas une prostituée. _« CHAPITRE DEUXIÈME »_« We will be forever as one, my brother under the sun » « ▬ Qu'est-ce que je vais faire maintenant bordel ? J'l'ai tué Nick, j'suis foutu ! » Il était rare que Gabriel cède à la panique, mais à vrai dire il était tout aussi rare de buter quelqu'un comme il venait de le faire. Heureusement pour lui j'avais du sang froid pour deux lorsqu'il s'agissait de couvrir ses arrières. « ▬ Raconte pas de conneries Gaby ! Tu penses sérieusement qu'on te fera payer pour avoir liquidé un connard pareil ? » La police avait la mémoire sélective lorsqu'il s'agissait de retrouver les dealers qui se flinguaient entre eux, sans doute parce qu'ils se disaient que en se mettant sur la gueule entre dealers, ils faisaient ce que chaque flic rêvait de faire ; Un peu de ménage. « ▬ Ramasse la came et le flingue » Ce n'était pas simplement une requête, c'était un ordre. Non pas que j'étais habitué à donner des ordres à Gabriel, mais c'était là un moyen pour le reconnecter avec la réalité et l'empêcher de céder à la panique. Puis j'étais allé fermé tous les rideaux de la pièce, avant de jeter un coup d'oeil tout autour de moi. Attrapant la bouteille de Vodka entamé par le propriétaire des lieux, je la vidais sur son corps inanimé avant de verser le reste un peu partout sur le sol. « ▬ Qu'est-ce que tu fous ? » Tournant la tête vers lui j'avais alors répondu tout en extirpant mon briquet de la poche de mon jean « ▬ Je sauve ta peau, voilà c'que j'fou » Et sans rien dire de plus j'avais approché la flamme des rideaux, répétant mon geste sur les trois fenêtre, avant d'attraper un tee-shirt de notre victime pour l'arracher et le séparer en deux chiffons auquel je mis le feu également. En balançant un sur le canapé je rejoignait Gabriel sur le pas de la porte avant de balancer l'autre sur le sol, en pleine sur le sentier tracé par la Vodka, qui s'enflamma presque instantanément. « ▬ J'en connais un qui va se faire griller, au sens propre » Et attrapant Gaby par la manche il l'entraine vers la cage d'escaliers, laissant le squat s'enflammer derrière eux. Lui, c'était Gabriel, mon meilleur ami. Non, il était même plus que ça à vrai dire, c'était mon frère ; Pas par le sang, mais par le cœur et les actes, et c'était ça le plus important. Il avait toujours vécu dans la même galère que moi alors il me comprenait, et il ne me jugeait pas, tout comme je ne le jugeait pas non plus. Après cet « incident » nous avions pendant un petit moment eut tout de même un peu peur de nous faire prendre, mais cela n'avait pas duré et nous avions bien vite compris que jamais nous ne serions inquiétés pour avoir ôté la vie à cet homme. Avec son propre flingue qui plus est, que nous avions par la suite balancé au fond d'un lac. Le plus ennuyeux donc était que nous n'avions plus de dealer, et que nous ne pouvions pas rester sans ... Mais se trouver un dealer à Las Vegas, c'était comme chercher une machine à sous, il y en avait à tous les coins de rue si l'on savait où chercher. Quoi qu'il en soit cette mésaventure nous avait rapprochés, encore plus que ce n'était déjà le cas, et moi qui passait mon temps à répéter qu'on ne pouvait faire confiance à personne, j'avais en fin de compte une confiance aveugle en Gabriel. Sans rire, j'aurai même donné ma vie pour lui (quelle valeur avait ma vie de toute manière, peu, on est d'accord). Oh et vous avez remarqué, il m'a appelé Nick ... Étrange non, pour vous qui m'appelez Noah. Mais stop, pas tout à la fois, la réponse à cette question viendra un peu plus tard, patience. Pourtant les choses avaient changé. Peut-être parce que nous avions grandi, et que grandir c'était ça ... perdre des amis que l'on pensait ne jamais voir partir, et se retrouver seul comme un rat. J'avais dix-sept ans lorsque les flics m'avaient arrêté en possession de drogue. Mais pas de l'herbe comme la dernière fois, ça aurait été bien trop facile ; Non de l'héro, et de la bonne en plus, autant dire que je planait totalement. D'ailleurs j'avais réagi au quart de tour et bien arrangé le portrait du flic qui m'avait traité de pauvre junkie ; Non mais et quoi encore, le seul ayant le droit de faire des réflexion sur mes vices c'est moi, et personne d'autre. Quoi qu'il en soit, bien qu'aussi raide que moi Gabriel s'en était sortit sans trop de mal, sans doute parce qu'il n'était pas dans le sac des récidivistes ... et parce que sa mère n'avait pas le même boulot que la mienne. Bah bien sûr, Gabriel était un enfant de cœur, ce n'était pas non plus comme si il avait le sang d'un dealer sur les main ... Oh mais si, c'était le cas. Si encore il avait donné signe de vie pendant que je moisissait en taule ... Pardon, en « centre de redressement pour mineurs récidivistes ». Mais non, cet ingrat semblait m'avoir vite rayé de sa mémoire, vous parlez d'un ami. Voilà pourquoi lorsque j'avais enfin remis le nez dehors après trois ans d'enfermement, je n'avais pas cherché à le retrouver, je n'avais plus envie de me battre pour lui. Et du haut de mes vingt ans je décidai de quitter Las Vegas, définitivement, et laissai donc derrière moi ma pauvre mère, qui l'âge avançant voyait son métier se faire de moins en moins rentable. Mais elle ne compterait plus sur moi, elle ne m'avait jamais aidé, et à partir de ce jour je ne l'avais plus aidé moi non plus. _« CHAPITRE TROISIÈME »_« Don't save me, don't save me, 'cause I don't care » « ▬ J'me rappelle plus ton nom ... » Mon dieu mais quelle pipelette, et collante avec ça en plus. « ▬ C'est sans doute dû au fait que j'te l'ai pas dit » Et que je n'avais surtout aucune intention prochaine de remédier à cela. A vrai dire je me concentrai déjà sur la porte de sortie, que j'allais franchir une fois la fin de mon verre expédiée et cette sangsue mis hors-jeu. « ▬ Le mien c'est Emily » Grand bien lui fasse, me répétais-je simplement tout en vidant d'une traite ce qui me restait de Whisky. « ▬ Va faire la causette à quelqu'un de plus intéressé tu veux ? » Même plus assez de motivation pour jouer avec les mots et lui asséner une réplique digne d'un polar, seul comptait le fait de se débarrasser d'elle. Ce qui fut chose faite dès que j'eut mis les pieds en dehors du bar ou j'avais échoué en fin d'après-midi. Dans quelle ville étais-je déjà ? Je ne savais même plus, voilà où menait le fait de ne pas rester plus de trois jours à la même place. Moi qui n'avait jamais quitté Vegas, j'avais en moins de six mois visité les quatre coins du pays, ne sachant jamais quelle serait ma prochaine étape ni ce que j'allais trouver où je posais mes valises. Enfin valises, c'est une façon de parler bien sûr, parce que je ne possédait pour ainsi dire pas grand chose, juste un sac à dos contenant de quoi se fringuer une semaine sans avoir à passer par une laverie, et de l'argent liquide, parce qu'il ne permet pas d'être tracé. J'avais tout laissé derrière moi, jusqu'à mon identité ; Nicholas Anthony Edwards s'était tout bonnement volatilisé dans la voiture, laissant place à Noah Gregory Carter ... Tellement facile d'usurper l'identité de quelqu'un dans un pays comme celui-ci, c'en était en fait presque risible. En quittant le Nevada je n'avais aucune idée de ce que j'allais faire, et cela se ressentait sur la façon dont j'occupais mes journées. Me déplaçant en stop je gagnais en jeux de cartes - bah oui, quand on nait à Vegas on a ça dans le sens que voulez-vous - l'argent nécessaire à payer les motels miteux où je m'arrêtais. Au bout de quelques mois cependant mon système se fit plus rodé, et je pouvais rester plusieurs semaines au même endroit, effectuant des petits boulots aussi divers que variés et rarement rémunérés de façon officielle. Avec les économies de mes premiers salaires je m'étais acheté une moto, bien plus pratique que le stop pour se déplacer vous en conviendrez. Chose qui avait changé chez moi, je ne claquais plus mon fric bêtement : comprenez par là que je ne le dépensais plus en came, coke et autres saloperies du même genre. Non pas que je sois subitement devenu raisonnable, j'avais simplement compris que la dépendance rendait vulnérable, et je n'avais définitivement pas besoin de ce genre d'adjectif accolé à mon nom (d'emprunt). J'avais échoué en Virginie par hasard, c'était il y a bientôt cinq ans. Après New-York, Philadelphie et je ne sais plus quelles autres villes de la côte Est, j'étais finalement descendu assez bas pour atteindre Winchester, dans le nord de l'état de Virginie. Mais c'est finalement a Williamsburg que je m'étais arrêté plus longuement, sans me douter que cinq ans plus tard je m'y trouverai toujours. Cela dit cela ne m'a pas empêché de continuer à vadrouiller un peu partout dans le pays, j'étais tout bonnement incapable de rester en place et de ne pas m'ennuyer quelque part si je n'allais pas voir ailleurs de temps en temps ... Allez savoir, ma tendance incontrôlable à l'infidélité me venait peut-être de là aussi. Quoi qu'il en soit une chose était sûre, je faisais - et fais toujours - tout pour ne jamais m'impliquer trop quelque part ; Je ne suis définitivement pas le genre de personne sur qui on peut compter, en qui on peut avoir confiance. Le seul code d'honneur que je me plait à respecter, c'est le mien, et si vous êtes de ceux qui pensent m'avoir à leur botte méfiez vous, je ne suis à la botte de personne et quand bien même je ne dis rien il n'en demeure pas moins que je fais ce que je veux, et uniquement ce que je veux. _« CHAPITRE QUATRIÈME »_« A drop in the ocean, a change in the weather » « ▬ Я приведу вам один, когда я приду » * A elle je pouvais faire des promesses, c'est d'ailleurs bien la seule personne à qui j'en fasse encore aujourd'hui. J'imaginais ses yeux pétiller à l'autre bout du fil et ne pouvait réprimer un sourire ... Pas que quoi virer sentimental non plus, mais elle réussissait à m'attendrir un peu il fallait l'avouer. Une première (et une dernière). « ▬ Когда я спрашиваю мумии, когда вы вернетесь она никогда не ответит мне » * Et pour cause, puisque je me comportais comme un fantôme depuis le premier jour. Ce n'était plus une surprise pour sa mère donc, mais pour elle ... Difficile de lui expliquer. D'autant plus que sa mère aussi avait le droit de ma part à un tissu de mensonge. Bien obligé. « ▬ Вскоре сердце сладко, я обещал » *Ainsi se déroulaient toujours les conversation téléphoniques entre Vanya et moi. Elle posait des questions que j'esquivais toujours de la même manière : par des promesses que je n'étais pas certain de tenir. J'avais conscience que n'être que là via un combiné téléphonique et réapparaitre dans le paysage deux ou trois fois dans l'année ne faisait pas de moi un père modèle, mais c'était tout ce que je pouvais promettre, il ne fallait pas m'en demander plus. Certes, ma fille se trouve être la seule et unique personne dont je me soucie vraiment, mais avouez que pour un type comme moi avoir la fibre paternelle ... Il y a de quoi rire. J'avais rencontré Ielena, la mère de Vanya, il y a maintenant presque sept ans, dans un bar new-yorkais au beau milieu de l'hiver. Autant vous dire que nous avions tout de suite trouvé un moyen commun de faire monter la température et de compenser le froid hivernal des rues. D'ailleurs qu'aurions nous bien pu faire d'autre, elle ne parlait même pas anglais, à peine baragouinait-elle quelques mots incompréhensibles tant son accent russe était à couper au couteau. Heureusement pour elle il me restait quelques notions de mes cours de russes du lycée - j'avais pris russe plutôt qu'espagnol, parce que les hispano revendaient leur dope plus chère, de vrais charognards - et les soirs suivants nous avions tout de même conversé un peu (mais juste un peu). A vrai dire elle ne me gênait pas dans le sens où ne parlant pas franchement ma langue elle ne m'assassinait pas de questions indiscrètes ; Et puis elle n'était pas désagréable à regarder il faut être honnête, ce qui m'avait persuadé de m'attarder sur son cas presque trois semaines, un exploit. En revanche je peux vous assurer que le jour où elle m'avait annoncé qu'elle était enceinte - de moi, cela allait de soit - je n'avais pas eut besoin d'un traducteur, j'avais compris du premier coup. Et j'avais décidé ne de pas fuir, pas cette fois-ci. Non pas que le sort de Ielena me préoccupai plus que ça, et je ne me faisais pas non plus une joie d'hériter d'un marmot pleurnichard et encombrant. A vrai dire je me demande encore ce qui m'a poussé à rester et à ne pas la laisser se débrouiller toute seule comme une grande ... La neige m'aura fait perdre le sens des réalités disons (la bonne excuse). Quoi qu'il en soit puisqu'elle ne semblait pas trouver l'avortement comme une solution envisageable , je m'étais fait comprendre très clairement à coup de phrase anglo-russes dont que vous n'imagineriez même pas : Je me contenterai du strict minimum, elle avait déjà de la chance que m'intéresse un tant soi peu à son cas. Je passerai une fois de temps en temps, soit, je participerai financièrement à élever le gosse, soit ... Mais qu'elle ne s'imagine pas que j'allais me comporter comme un père, j'aurai de toute façon eut du mal n'ayant moi-même jamais eut de modèle du genre. Vanya a aujourd'hui six ans. Elle parle anglais bien sûr, mais sa mère toujours qu'à moitié ... Et puis converser avec elle en russe me plait bien finalement (et c'est toujours plus pratique pour tromper les oreilles indiscrètes qui me surprendraient au téléphone). A tout bien y réfléchir cette gosse est sans doute la seule raison valable me persuadant de ne pas péter les plombs, alors à ma façon j'essayai d'en profiter un peu tant qu'il était encore temps ... Il arriverait bien un jour où elle comprendrai que son père n'était pas absent parce qu'il avait une raison valable mais simplement parce qu'il n'avait jamais envisagé les choses d'une autre manière. Sans doute alors aurait-elle le même ressentiment envers moi que celui que j'avais eut envers ma mère lorsque vers seize ans, j'avais compris que n'ayant jamais pu compté sur elle par le passé je ne devais pas espérer que cela changerait dans le futur ; Alors en attendant le jour où elle me détesterai je continuerai à être "là" à ma façon. M'empêcher de péter les plombs donc, et me rappeler aussi par la même occasion qu'il restait peut-être quelque part au fond de ma personne une once d'humanité et d'intérêt pouvant être porté pour quelqu'un d'autre, voilà ce que cette gamine était capable de faire, et ce n'était pas rien croyez-le bien. Au Kartel en revanche personne ne connait son existence. C'était le genre de faiblesses dont on s'accommodait mieux si personne n'en avait eut vent. Car oui, quoi que je puisse en dire et bien malgré moi il s'agit de ma plus grande - et unique - faiblesse. Et jusqu'à ce qu'elle décide ou non de m'écarter de sa vie il en serait ainsi ... Même après d'ailleurs. Mon dieu, je vire sentimental, aidez-moi ; Vite, un whisky pour se remettre le cerveau dans le bon sens. * - Je t'en amènerai un quand je viendrai - Quand je demande à maman quand est-ce que tu viendras elle ne me répond jamais - Bientôt sweet heart, c'est promis_« CHAPITRE CINQUIÈME »_« I'm gonna make you pay, I'm gonna wipe that smile off your face » « ▬ Tient, tient, tient ... le retour du fils prodigue ! » Ce ton qu'il employait, cette désinvolture qui lui collait à la peau, c'était ce qui m'avait toujours le plus profondément agacé chez ce type. « ▬ J'pensais pas te revoir dans le paysage » Et en plus il se payait le luxe de jouer les hypocrites ... La mère de cet enfoiré aurait mieux fait de le noyer à la naissance, ça aurait été accomplir une bonne action. « ▬ Dans ce cas là ... surprise ! » me contentais-je simplement de répondre, avec tout le cynisme qu'il m'était possible de lui adresser. Savait-il dans quel but j'étais revenu ici ? Sans doute, il devait l'avoir deviné à peine m'avait-il reconnu. Sans doute alors aussi pensait-il que j'allais manquer de cran et que je n'irai pas jusqu'au bout ; Quel imbécile, il allait se faire avoir. « ▬ Alors qu'est-ce qui t'amène dans le coin ? ... Toutes mes condoléances pour ta pauvre mère au fait » BAM ! Il ne l'avait pas vu venir celle là. Hurlant de douleur il crispa sa main contre son épaule en m'adressant un rictus haineux, tandis que je resserrai ma propre main sur mon automatique en ne quittant pas mon interlocuteur des yeux. « ▬ Tu sais combien de temps une personne agonise avant de périr au milieu des flammes ? » A vrai dire ce n'était pas vraiment une question, simple rhétorique. Aussi enchainais-je aussitôt « ▬ Parfois jusqu'à dix bonnes minutes. On réalise pas vraiment mais c'est très long. Dix minutes à s'étouffer en avalant des litres de fumée, on se sent comme une souris dans un vivarium, à savoir qu'on va mourir en priant le ciel d'intervenir parce que c'est notre dernier espoir. » M'écoutant à peine il avait momentanément relâché la pression sur sa blessure et s'apprêtait à se saisir de son arme, solidement accrochée à son ceinturon. Mais ses réflexes n'égalaient pas les miens, et une belle dans son genou droit vint le lui rappeler. « ▬ Tu peux me tuer si tu veux, mais ça ramènera pas ta salope de mère ! »Cela avait été la phrase de trop. Inutile de vous décrire dans les détails la façon dont j'avais achevé cette pourriture, mais ce qui est certain en tout cas c'est que même sa mère ne l'aurait pas reconnu. Violent je ne l'étais pas souvent, du moins pas dans ces proportions là ... Impulsif oui, mais pas du genre à casser la gueule du premier venu si il m'avait regardé une seconde de trop. Celui-là en tout cas avait eut son compte, peut-être était-il toujours vivant lorsque je m'étais finalement lassé du petit jeu auquel je m'étais amusé sur sa personne. J'avais prit soin de ne pas le mettre KO trop vite, prit le temps de lui casser un à un chacun de ses doigts, entendu son nez craquer sous les coups de poing que je lui avait asséné ... C'était presque barbare, je le reconnais, mais c'était la même barbarie que celle dont il avait fait preuve en assassinant ma mère. On pouvait se demander pourquoi ce soudain de désir de vengeance, moi qui n'avait pas vu ma mère depuis presque sept ans et n'avait pas manifesté un seul instant le moindre regret à ce propos. Je ne savais pas moi même ce qui m'avait poussé à en faire une affaire personnelle, peut-être était-ce simplement le fait qu'avec la mort de ma mère, j'avais vu s'envoler la seule et unique chose qui ne faisait pas de moi un sans visage, quelqu'un qui n'existait plus que par les noms d'emprunt qu'il se donnait pour chaque nouvelle occasion. Oui c'était sans doute ça, la mort de ma mère tirait un trait définitif sur Nicholas Anthony Edwards, et bien que je ne m'identifiais plus à cet "autre moi" depuis longtemps cela ne me laissait pas entièrement de marbre. Bien sûr je n'aurai aucun mal à tourner la page, dans ma tête Nick était déjà mort il y a plusieurs années, mais ne pas regarder en arrière ne m'aurait pas été possible tant que je n'aurai pas fait payé au responsable de l'assassinat de ma mère ce qu'il méritait. Avant de quitter de quitter - cette fois-ci sans intention d'y remettre un jour les pieds - la célèbre Las Vegas, j'avais fait un détour par mon ancien "chez moi". Ou tout du moins ce qu'il en restait, à savoir un amas de tôle noircie et des débris calcinés en tous genres, qui croupissaient dans un terrain vague où personne ne venait plus. Le moins que l'on puisse dire c'est que ma mère n'avait jamais possédé grand chose, et le peu qu'elle avait jamais eut se trouvait à mes pieds, réduit en cendres. Du bout de ma chaussure je dégageai quelques endroits éparses de ce gourbi calciné, sachant que je ne trouverai rien ici qui puisse m'intéresser. Sauf peut-être ... Sauf peut-être le porte clef en métal qui, miraculeusement avait résisté à l'incendie ayant détruit la caravane. Le ramassant, je soufflai dessus une ou deux fois avant de passer mes doigts dessus pour le débarrasser de la poudre noir qui le recouvrait ; C'était une miniature de la Tour Eiffel, le genre de babiole que l'on trouve à tous les coins de rues à Vegas, aucune valeur donc. Sauf pour ma mère, qui avait toujours rêvé de visiter Paris ... Un rêve de plus qui ne se réalisera jamais, d'ailleurs lorsque l'on a vécu et périt dans un endroit comme celui-ci les rêves brisés se comptent par centaines, les miens y compris. Rangeant le porte clef dans la poche de mon jean, ne décide finalement de ne pas m'attarder ici plus longtemps, puisqu'il n'y avait de toute manière plus rien à voir, et tournait donc les talons. Je ne retournerai pas à Las Vegas. Jamais. C'était la dernière fois et ce fut il y a maintenant un ans. Nicholas était mort ce jour là lui aussi, il n'était plus simplement planqué au fin fond de mes souvenirs, il disparaissait pour de bon, laissant je le suppose alors une place définitive au dénommé Noah Gregory Carter. Moi. |
LE KARTEL, TOUTE MA VIE OU JUSTE L'INCONNU; Voilà bientôt cinq ans que j'arpente les rues de la même ville de Virginie, celle de Williamsburg. Pourtant qu'on se le dise, je n'étais pas vraiment du genre casanier et si j'étais resté aussi longtemps à Vegas c'était simplement parce que n'étant pas majeur je ne serais pas allé bien loin tout seul. Seulement à Williamsburg il n'y avait pas seulement un bar, un motel pas cher et une laverie, ce qui en temps normal m'aurait amplement suffit pour ce que j'avais l'habitude de rester dans une même ville ... Non, à Williamsbug il y avait aussi le Kartel.
Le Kartel, ou comment s'ancrer pour de bon à une ville, volontairement ou non d'ailleurs. C'est bien simple une fois qu'on y a mis les pieds on a très peu de chance d'en repartir, alors autant être sûr de ce qu'on fait ... Et si vous vous posez la question de savoir ce qu'est le Kartel alors un conseil, laissez simplement tomber, moins vous en savez et mieux vous vous porterez, d'ailleurs même si aucun ne l'ouvre pour dire ce qu'il en pense je suis persuadé de ne pas être le seul à me demander encore parfois ce que je fou là-dedans. Attention je ne crache pas dans la soupe, mais cela dit je me demande parfois vraiment comment j'ai pu devenir le genre de mecs que j'avais toujours détesté, le genre que fréquentait ma mère et qui sait peut-être aussi le genre qu'était mon "père". C'était peut-être dans les gènes en fin de compte ... Un fils de pute - au sens propre pour le coup - devenant mac, c'est tellement ironique. Je vous vois venir d'ici, avec le gros cliché du mac impitoyable et n'ayant pas la main légère, ne respectant aucune femme et les considérant toutes comme de simples objets. Vous savez qu'avec des clichés on pourrait monter les pays les uns contre les autres et provoquer une troisième guerre mondiale ? Tout ça pour dire que je n'en suis justement pas un, de cliché. Je ne traite pas les femmes comme une sous-espèce, je n'assassine pas non plu à tour de bras sans motif valable ... Non vraiment, il me reste encore une pointe d'humanité, bien cachée.
Il arrive donc encore parfois que ma conscience me fasse douter, mais cela ne dure jamais très longtemps ; La vérité c'est que je n'ai pas trouvé de moyen plus efficace que ce métier pour aiguiser mon sens de la persuasion et de la manipulation. Et puis dans une ville comme celle-là de toute façon c'était un peu du chacun pour soi, et les nanas paumées qui tombaient dans nos filets ne pouvaient s'en prendre qu'à elle-même et à leur manque de jugeote face aux situations. D'ailleurs en générale pour en ramasser une je n'avais pas non plus à insister pendant des lustres, preuve donc qu'elles le cherchaient un peu (et cela suffisait amplement à faire s'envoler la culpabilité qui aurait éventuellement pointer le bout de son nez). Sauf pour une. Pour elle j'avais insisté, persévéré, et m'était promis de ne pas lâcher l'affaire tant qu'elle n'aurait pas cédé. Peut-être, sans doute même méritait-elle mieux, mais je ne m'étais pas encombré de cette éventualité par simple égoïsme. La vérité c'était que cette fille m'hypnotisait, quand bien même je savais que jamais je ne l'aurai, alors égoïstement j'avais décidé de l'embobiner comme les autres, pour le simple plaisir de l'avoir ensuite à portée de main en permanence. Un cercle vicieux, voilà ce que c'était, parce que même à portée de main je ne pourrai jamais l'avoir, et pour cette injustice je reportait ma frustration sur elle (parce que au fond c'était elle la responsable, c'était elle qui me fascinait autant) en tentant de la dégouter à chaque fois un peu plus du métier dans lequel elle s'était embarqué, d'elle-même, et de ce à quoi elle ressemblait. Je m'essayais à la torture psychologique dans le simple fait de ne pas être le seul à détester la situation. Le must de l'histoire ? C'est que ça fait six mois que ça dure, et que ce qui s'apparente à me faire vivre un véritable enfer intérieur est aussi ce qui me laisse songeur. J'aurai pu dire rêveur, mais rêver c'est pour les naïfs ... Et son nom, Alayna, un simple prénom devenant une torture dans une situation comme cella là ... Mais la plus douce des tortures cela dit. |
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